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niarg2blase
30 août 2008

L'apparition du tétrapode égaré.

Till_Lindemann___first_arsch

Till Lindemann, chanteur de Rammstein.


Il y a de cela quelques instants, un cri perçant, entre rire et douleur, charnu par sa profondeur et blême de peur, a transpercé ma journée estivale. Affolé et en même temps déterminé face à cet accès de nervosité inconnu, semble-t-il provenu du rez-de-chaussée, je me suis levé sûrement de mon siège et suis sorti de ma chambre, afin de m'enquérir de la curieuse situation. Celle-ci m'apparut limpide, après que j'eus hélé les protagonistes éventuels du hurlement, tout en descendant les marches de mon escalier : face à moi, la véranda abritait depuis peu un oiseau catastrophé de la taille d'une corneille ou d'un merle - disons une tourterelle, prisonnier du labyrinthe miroitant des vitres, tantôt ouvertes, tantôt inamovibles.

Après s'être débattu sauvagement durant quelques courtes secondes, l'être à plumes s'était recroquevillé dans un coin de la pièce, guettant mes allées et venues d'un œil curieux. Comme je compris rapidement et élémentairement que le volatile n'avait aucune compétence pour différencier une vitre d'une absence de vitre, je crus bon de m'armer, afin de le délivrer. Ainsi, j'ouvris la fenêtre la plus proche de lui et tentai de l'y attirer doucement à l'aide d'un balai-serpillère propre. Refusant obstinément de battre des ailes, scotché au sol, il me décida par sa perspicacité à abandonner toute tentative lointaine appuyée d'un outil quelconque. C'est donc avec mes deux mains seules et nues que je pris la décision d'avancer vers lui, en dernier recours.

Au moment de toucher son plumage, une chose extraordinaire se produisit : alors que toute logique humaine aurait voulu que l'oiseau s'envole, apeuré par ma lourde présence auprès de lui, il se teint près à être recueilli, comme apaisé. Soulagé par la connaissance de l'avenir libérateur que lui réservaient mes mains ? Peut-être bien. Le soulever n'a en tout cas pas été difficile ; son corps chaud était très agréable au toucher, son poids d'une majestueuse insignifiance. De sa prise jusqu'à sa pose sur le rebord de la fenêtre, en passant par sa douce ascension, l'animal ailé eut une attitude exemplaire. Arrivé à quai, face aux bourrasques de vent et à l'atmosphère de son véritable milieu naturel, il sut instantanément qu'il n'existait plus aucune barrière vers sa complète liberté. L'oiseau prit son envol, après avoir eu la délicatesse de me laisser le caresser une dernière fois. Dès son évaporation dans les airs, j'aperçus qu'il m'avait encore laissé un dernier présent, et non des moindres. Un présent à l'aspect lui aussi miroitant, que je dus m'empresser de nettoyer.

Mais il était trop tard pour la frustration et le dégoût, un bonheur simple et essentiel m’avait déjà enveloppé.


Les_Oiseaux___Hitchcock

Alfred Hitchcock


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Commentaires
M
Belle plume (me surpasse quand même!!!), et c'est pas rien de le dire....<br /> Bonne continuation, et merci de ton passage sur mon blog<br /> mauve
niarg2blase
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